Un jour d’été de Touraine est lui-même une espèce de cortège que règle une lente ordonnance.
Les heures y connaissent leur place. Rien ne s’y bouscule ; rien n’y empiète ou n’y chevauche.
Aucune rupture. Le moins de drame possible. Les nuages blancs, peut-être, se feront plus petits et plus rares, se dissoudront peu à peu dans l’azur qui pâlira. Ou bien, au contraire, ils s’accumuleront par endroits et construiront de somptueuses montagnes. Ou encore ils se changeront en un léger rideau de nuée qui, du zénith jusqu’à l’horizon de l’Est, doublera l’azur crépusculaire sans le cacher tout à fait.
Parfois un souffle, qui vient du bois, remue amplement ces branches très anciennes que je regarde. Il arrive, avec un bruit profond et soyeux, que lui ont prêté au passage les bois et les vallons, et tant de forêts et de bocages plus loin qu’il a traversés pour venir des golfes de l’Ouest (une trace de la rumeur de la mer y est aussi).
A la réflexion, je ne crois pas qu’il y ait quelque part un été plus humain que celui-ci, ou je ne l’ai pas rencontré ; plus humain : je veux dire qui entretienne mieux l’illusion que la nature a été faite pour l’homme.
Jules Romains
La Guirlande des années
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