Conférence de Jean Pierre Lautman
Dans un entretien publié par Le Monde dix ans avant sa mort survenue en 1985, Charlotte Delbo déclare : « Je n’écris pas pour écrire. Je me sers de la littérature comme d’une arme, car la menace m’apparait trop grande ». Pour saisir toute la force de cette allégation et comprendre de quelle menace il s’agit, il faut connaître l’itinéraire poignant de cette déportée politique qui connut les affres de Birkenau puis Ravensbrück. Il est également nécessaire de savoir que décrire, expliquer, manière menée à bien par d’autres rescapés des camps nazis, n’intéresse pas Delbo. Elle désire expliquer l’inexplicable, montrer sans pathos les esprits abîmés, les corps de femmes malmenés dans une passion infiniment plus longue et douloureuse que celle du Christ, laisser affleurer l’esprit de solidarité, l’entraide, les grandes petites conquêtes qui permettent d’attendre demain matin …
Qui fut Charlotte Delbo ? Quelles influences s’exercent-elles sur elle ? En quoi son témoignage de la réalité concentrationnaire est-il original et exceptionnel ?